Chapter One

CONSTITUENT POWER

POUVOIR CONSTITUANT

Kemal Gözler in English


— Draft English Translation —

Chapitre Premier
LA DISTINCTION DU POUVOIR CONSTITUANT
ET DES POUVOIRS CONSTITUÉS

Chapter One
THE DISTINCTION BETWEEN THE CONSTITUENT POWER
AND THE CONSTITUTED POWERS

Montesquieu divise la puissance étatique en trois pouvoirs tels les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire [1].  Il examine les titulaires de ces trois pouvoirs, c’est à dire le monarque, les assemblées et les tribunaux, en prenant ceux-ci tels qu’il les trouve historiquemen constitués.  Mais rationnellement, comme le remarque Carré de Malberg, «d’où ces autorités tirent-elles leur puissance?  Comment s’opère entre elles l’attribution des pouvoirs à séparer» [2] ?  Le raisonnement de Montesquieu, surtout dans le chapitre “De la constitution d’Angleterre” [3], «éveille et pose à chaque instant la question du pouvoir constituant; mais il ne le résout point et ne l’aborde même pas »[4].

Montesquieu divides State power into three powers, the executive, the legislative and the judicial powers [1].  He examines the titularies of these three powers, i.e. the monarch, the assemblies and the courts, taking them as they are found historically constituted.  But rationally, as Carré de Malberg has noted, “from whence do these authorities draw their power?  How does the attribution of the powers to be separated take place among them” [2]?  Montesquieu’s reasoning, above all in the chapter “[On The Constitution of England]” [3], “arouses and posits at every instant the question of the constituent power; but he in no way resolves it and does not even address it” [4].

Mais d’autre part, comme l’indique Carré de Malberg, la théorie de la séparation des pouvoirs devait nécessairement conduire à la théorie du pouvoir constituant [5].  Car une telle séparation est inexplicable sans l’acceptation d’un pouvoir supérieur et antérieur à eux.  Il faut donc logiquement «admettre l’existence d’une autorité supérieure et antérieure à eux, capable d’opérer le partage» [6].  On peut donc, avec Carré de Malberg, dire que «la théorie de la séparation des pouvoirs ouvrait la voie à la théorie du pouvoir constituant» [7].

But in addition, as Carré de Malberg indicates, the theory of the separation of powers had necessarily to lead to the theory of constituent power [5].  For such a separation is inexplicable absent the acceptance of a power antecedent and superior to them.  It is thus logically necessary “to admit the existence of an authority higher and prior to them, able to operate the division” [6].  One can thus say, with Carré de Malberg, that “the theory of the separation of powers blazes the trail to the theory of the constituent power” [7].

Cependant c’est Sieyès qui a «découvert», le premier, la notion du pouvoir constituant distinct et supérieur à ces trois pouvoirs.  Selon Sieyès les pouvoirs créés par la constitution sont des pouvoirs multiples et divisés; mais déclare-t-il, «tous, sans distinction sont une émanation de la volonté générale, tous viennent du peuple, c’est à dire de la nation» [8].  Ils émanent donc d’un pouvoir supérieur et unique; et c’est pourquoi Sieyès dégage immédiatement cette notion fondamentale:

However it is Sieyès who first “discovered” the notion of constituent power as distinct from and superior to these three powers.  According to Sieyès, the powers created by the constitution are multiple and divided powers; but, he declares, “all, without distinction, are an emanation of the general will, all come from the people, i.e. the nation” [8].  They thus emanate from a higher and single power; and this is why Sieyès immediately distinguishes this basic concept:

«Une Constitution suppose, avant tout, un pouvoir constituant» [9].

“A Constitution supposes, above all, a constituent power” [9].

Ainsi, de la notion même de constitution, Sieyès conclut directement à la distinction de ce qu’il appelle le «pouvoir constituant» et les «pouvoirs constitués».  Dans son ouvrage sur le Tiers Etat, il a exprimé d’une façon très claire cette distinction:

Thus, from the very notion of a constitution, Sieyès concludes directly as to the distinction between what he calls the “constituent power” and the “constituted powers”.  In his work on the Third Estate, he expressed this distinction quite clearly:

«Dans chaque partie, la constitution n’est pas l’ouvrage du pouvoir constitué, mais du pouvoir constituant» [10].

“In every part, the constitution is not the work of the constituted power, but of the constituent power” [10].

Egalement, il a repris la même distinction dans un discours prononcé à la Convention, lors de la séance du 2 thermidor An III:

As well, he took up the same distinction again in a speech delivered at the Convention, during the session of 2 Thermidor Year III:

«Une idée saine et utile fut établie en 1788[11]; c’est la division du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués.  Elle comptera parmi les découvertes qui font faire un pas à la science; elle est due aux Français» [12].

“A sound and useful idea was established in 1788 [11]; that is the division of the constitutent power and the constituted powers.  It will count among those discoveries which cause science to take a step forward; it is thanks to the French” [12].

En suivant Sieyès, on peut définir le pouvoir constituant comme le «pouvoir de faire la constitution» [13] et les pouvoirs constitués comme les «pouvoirs créés par la constitution» [14].

Following Sieyès, constituent power can be defined as the “power to make the constitution” [13] and the constituted powers as the “powers created by the constitution” [14].

Les pouvoirs constitués sont donc ceux de l’Etat dont l’organisation et le fonctionnement sont définis par la constitution.  C’est à dire qu’ils sont des pouvoirs d’exercer les diverses compétences juridiques de l’Etat dans le cadre de la constitution.

The constituted powers are therefore those of the State whose organization and functioning are defined by the constitution.  Meaning that they are the powers to exercise the various legal powers of the State within the framework of the constitution.

Mais plus précisément, quels organes de l’Etat faut-il entendre?

But more precisely, which organs of the State are to be understood?

Puisque les pouvoirs constitués sont définis comme les pouvoirs d’exercer les diverses compétences juridiques de l’Etat, les organes qui utilisent ces compétences sont donc des pouvoirs constitués.  Comme on le sait, il y a principalement trois sortes de compétence juridique de l’Etat, qui sont les compétences législative, exécutive et judiciaire; parallèlement, alors, il y a principalement trois organes constitués:  les organes législatif, exécutif et judiciaire.

Since constituted powers are defined as the powers to exercise the various legal powers of the State, the bodies which use these powers are therefore constituted powers.  As we know, there are mainly three types of legal competence of the State, which are the legislative, executive and judicial powers; in parallel, then, there are principally three constituted bodies:  the legislative, executive and judicial bodies.

En ce qui concerne la relation entre le pouvoir constituant et les pouvoirs constitués, notons qu’il y a une hiérarchie entre eux.  Le pouvoir constituant est supérieur aux pouvoirs constitués [15].  En d’autres termes, c’est seulement le pouvoir constituant qui est souverain, non pas les pouvoirs constitués.  Cependant la distinction du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués n’a pas été conçue pour incarner la souveraineté dans l’Etat [16].  Au contraire cette distinction repose sur une base libérale.  Dans son climat d’origine, c’est à dire à l’époque de la révolution française, cette distinction a été préparée afin de limiter la puissance des organes constitués, notamment celle de l’organe législatif et pour assurer la garantie des droits de l’homme.  Ainsi dans cette conception, chaque organe constitué, surtout l’organe législatif, ne peut exercer que la compétence qui lui est attribuée dans la constitution par le pouvoir constituant.  En définitive, comme le remarque Georges Berlia, «il y aura des lois constitutionnelles, dues à l’exercice du pouvoir constituant, distinctes des lois ordinaires et supérieures à celles-ci, afin qu’il y ait un terrain interdit à l’action législative.  Ainsi le pouvoir constituant est né de la volonté de diminuer la puissance législative» [17].

With regard to the relationship between the constituent power and the constituted powers, it should be noted that there is a hierarchy between them.  The constituent power is superior to the constituted powers [15].  In other words, it is only the constituent power which is sovereign, not the constituted powers.  However, the distinction between constituent power and constituted power was not designed to incarnate sovereignty in the State [16].  On the contrary, this distinction rests on a liberal basis.  In its original climate, meaning at the time of the French Revolution, this distinction was prepared in order to limit the power of the constituted bodies, in particular that of the legislative body and to ensure the guarantee of human rights.  Thus in this conception, each constituted organ, especially the legislative organ, can exercise only the competence which is attributed to it in the constitution by the constituent power.  Ultimately, as Georges Berlia points out, “there will be constitutional laws, due to the exercise of constituent power, distinct from ordinary laws and superior to them, so that there is ground prohibited to legislative action.  Thus, the constituent power was born from the desire to reduce the legislative power.” [17]

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Comme on vient de le voir, le pouvoir constituant se définit comme le «pouvoir de faire la constitution» et les pouvoirs constitués comme les «pouvoirs créés par la constitution».

As we have just seen, the constituent power is defined as the “power to make the constitution” and the constituted powers as the powers created by the constitution”.

Les pouvoirs constitués restent en dehors de notre travail.

The constituted powers lie outside our work.

Seul le pouvoir constituant nous intéresse.  Reprenons alors sa définition:  le pouvoir constituant est celui de faire la constitution.

Only the constituent power interests us.  Let us return to its definition:  the constituent power is that of making the constitution.

Qu’est-ce alors qu’une constitution?  Par quel critère une constitution se distingue-t-elle des lois ordinaires?  A ce propos, il y a deux critères proposés:  un critère matériel et un critère formel.

What then is a constitution?  By what criterion is a constitution distinguished from ordinary laws?  In this regard, two criteria are proposed:  a material criterion and a formal criterion.

Selon le critère matériel, la constitution est l’ensemble des règles, écrites ou coutumières, qui déterminent l’organisation et le fonctionnement des organes de l’Etat [18].

According to the material criterion, the constitution is the set of rules, written or customary, which determine the organization and functioning of the organs of the State [18].

Par contre, selon le critère formel, la constitution est l’ensemble des règles qui occupent le rang le plus élevé dans la hiérarchie des normes et qui sont établies et révisées selon une procédure spéciale et supérieure à celle utilisée pour la loi ordinaire [19].

On the other hand, according to the formal criterion, the constitution is the set of rules which occupy the highest rank in the hierarchy of standards and which are established and revised according to a special procedure superior to that used for ordinary law [19].

Nous définissons la constitution par le critère formel.  Et cela pour deux raisons.

The constitution is defined by the formal criterion.  There are two reasons for this.

Premièrement, notons que la définition matérielle de la constitution est une définition assez vague, qui dépend de la conception personnelle des auteurs.  Nous avons défini plus haut la constitution au sens matériel comme l’ensemble des règles qui déterminent l’organisation et le fonctionnement des organes de l’Etat.  Cependant il faut noter que différents auteurs utilisent diverses autres expressions dans cette définition au lieu de celle d’« organes de l’Etat».  Par exemple Carré de Malberg utilise le terme «pouvoirs publics» [20]; Joseph Barthélemy et Paul Duez parlent de «l’organisation de l’Etat» [21]; Charles Debbasch et ses amis du «pouvoir politique» [22]; Paolo Biscaretti Di Ruffia, de «la structure essentielle de l’Etat» [23]; Michel Henri Fabre, de «l’organisation politique, sociale, économique de l’Etat» [24].  Enfin, en partant toujours du même critère les divers auteurs donnent des définitions encore plus différentes.  Par exemple, Georges Vedel (ainsi que Jean Gicquel) définit la constitution au sens matériel comme «l’ensemble des règles de droit les plus importantes de l’Etat» [25].  Mais, comme le demande Otto Pfersmann, «quel est le critère de l’importance» [26]?  Chaque auteur donne les différentes «règles les plus importantes».  Par exemple selon Georges Vedel, «sont règles constitutionnelles celles qui déterminent la forme même de l’Etat (unitaire ou fédéral), la forme de son gouvernement (républicain ou monarchique), les organes qui le dirigent et la manière dont ils sont constitués, les compétences dont ils sont investis, les droits des citoyens» [27].  Par contre selon Jean Gicquel, «on englobe sous cette dénomination, les trois séries ci-après:  les règles relatives à la forme de l’Etat, à l’exercice de la souveraineté entre les pouvoirs constitués (régime parlementaire ou présidentiel, etc.) et celles concernant les droits des citoyens» [28].  Cette différence montre très bien qu’il n’y a pas de critère objectif de cette importance.  En conséquence on peut dire qu’on ne peut pas faire une définition objective de la constitution en partant du critère matériel.

First, it should be noted that the material definition of the constitution is a rather vague definition which depends on the personal conception of the authors.  We defined the constitution above in the material sense as the set of rules which determine the organization and functioning of State bodies.  However, it should be noted that different authors use various other expressions in this definition instead of “State bodies”.  For example Carré de Malberg uses the term “public authorities” [20]; Joseph Barthélemy and Paul Duez speak of “the organization of the State” [21]; Charles Debbasch and his friends of “political power” [22]; Paolo Biscaretti Di Ruffia, of “the essential structure of the State” [23]; Michel Henri Fabre, of “the political, social, economic organization of the State” [24].  Finally, still commencing from the same criterion, the various authors give still more different definitions.  For example, Georges Vedel (as well as Jean Gicquel) defines the constitution in the material sense as “all of the most important legal rules of the State” [25].  But, as Otto Pfersmann asks, “what is the criterion of importance?” [26]  Each author cites various “most important rules”.  For example, according to Georges Vedel, “constitutional rules are those which determine the very form of the state (unitary or federal), the form of its government (republican or monarchical), the bodies which direct it and the manner in which they are constituted, the competences with which they are invested, the rights of the citizens” [27].  On the other hand, according to Jean Gicquel, “we include under this name, the following three series:  the rules relating to the form of the State, the exercise of sovereignty among the constituted powers (parliamentary or presidential regime, etc.) and those concerning citizens’ rights” [28].  This difference shows very clearly that there is no objective criterion of this importance.  Consequently, it can be said that an objective definition of the constitution cannot be made on the basis of the material criterion.

Deuxièmement, comme l’a montré Carré de Malberg, la notion matérielle de la constitution est «dépourvue de valeur, du moins au point de vue juridique.  En droit, le critérium qui permet de discerner les lois constitutionnelles des lois ordinaires, réside uniquement dans un élément de forme:  la notion de Constitution est purement formelle» [29].  Georges Vedel lui aussi est du même avis.  «Ce qui est essentiel, dit-il, du point de vue de la technique juridique dans la théorie générale de la Constitution, c’est le point de vue formel» [30].  Car c’est lui seul qui permet de distinguer les lois constitutionnelles des lois ordinaires.  Enfin notons que la conception matérielle de la constitution n’est pas retenue en droit français [31]

Second, as Carré de Malberg has shown, the material notion of the constitution is “devoid of value, at least from a legal point of view.  In law, the criterion which makes it possible to discern constitutional laws from ordinary laws, lies only in an element of form:  the notion of Constitution is purely formal”[29].  Georges Vedel also agrees.  “What is essential,” he says, “from the point of view of legal technique in the general theory of the Constitution, is the formal point of view” [30].  Because it is this alone that makes it possible to distinguish constitutional laws.  Finally, note that the material conception of the constitution is not retained in French law. [31]

En conséquence nous pouvons préciser que le mot «constitution» que nous avons utilisé dans la définition du pouvoir constituant est pris dans son sens formel.  Nous pouvons alors redéfinir le pouvoir constituant comme le pouvoir de faire la constitution au sens formel.  C’est à dire l’ensemble des règles, quel que soit leur objet, qui occupent le rang le plus élevé dans la hiérarchie des normes juridiques.

Consequently we can specify that the word “constitution” which we used in the definition of the constituent power is taken in its formal sense.  We can then redefine the constituent power as the power to make the constitution in the formal sense.  meaning the set of rules, whatever their object, which occupy the highest rank in the hierarchy of legal norms.

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Après avoir ainsi vu la distinction du pouvoir constituant et des pouvoirs constitués, voyons maintenant la distinction du pouvoir constituant originaire et du pouvoir constituant dérivé.

After having thus seen the distinction between the constituent power and the constituted powers, let us now see the distinction between the originating constituent power and the derived constituent power.


[1].  Montesquieu, De l’esprit des lois, livre XI, chapitre VI (Texte établi et présenté par Jean Brethe de la Gressaye, Paris, Société Les Belles Lettres, 1955, t.II, p.63-77).


[1].  Montesquieu, [The Spirit of the Laws], book XI, chapter VI (Text established and presented by Jean Brethe de la Gressaye, Paris, Société Les Belles Lettres, 1955, Vol. II, pp. 63-77).

[2].  Raymond Carré de Malberg, Contribution à la théorie générale de l’Etat, Paris, Sirey, 1922 (réimpression par CNRS, 1962) tome II, p. 516, note 10.

[2].  Raymond Carré de Malberg, [Contribution to the general theory of the State], Paris, Sirey, 1922 (reprint by CNRS, 1962) volume II, p. 516, note 10.

[3].  Montesquieu, De l’esprit des lois, livre XI, chapitre VI (Texte établi et présenté par J. Brethe de la Gressaye, op. cit., t.II, p.63-77).

[3].  Montesquieu, [The Spirit of the Laws], book XI, chapter VI (Text established and presented by Jean Brethe de la Gressaye, Paris, Société Les Belles Lettres, 1955, Vol. II, p.63-77).

[4].  Carré de Malberg, Contribution…, Op. Cit., t.II, p.516, note 10.

[4].  Carré de Malberg, Contribution…, Op. cit., Vol. II, p. 516, note 10.

[5].  Ibid., p.515.

[5].  Ibid., p. 515.

[6].  Georges Burdeau, Traité de science politique, Paris, L.G.D.J., 3e édition, 1983, tome IV, p.175.

[6].  Georges Burdeau, [Treatise of political science], Paris, L.G.D.J., 3rd edition, 1983, Volume IV, p. 175.

[7].  Carré de Malberg, Contribution…, Op. Cit., t.II, p. 515, note 10.

[7].  Carré de Malberg, Contribution …, Op. Cit ., Vol. II, p. 515, note 10.

[8].  «Exposition raisonnée des droits de l’homme», lue au Comité de Constitution le 20 juillet 1789, Archives parlementaires, 1re série, t. VIII, p. 256 et s., cité par Carré de Malberg, Contribution…, op.cit., t. II, p. 516.

[8]. “[Reasoned exposition of human rights]”, read to the Constitutional Committee on July 20, 1789, Parliamentary Archives, 1st series, Vol. VIII, pp. 256 et seq., cited by Carré de Malberg, Contribution …, op.cit., Vol. II, p. 516.

[9.]  Ibid. C’est nous qui soulignons.

[9.]  Ibid.  Our underlines.

[10.]  Emmanuel Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers Etat, chapitre V, Edition critique avec une introduction et des notes par Roberto Zapperi, Genève, Librairie Droz, 1970, p.180-181.  C’est nous qui soulignons.

[10.]  Emmanuel Sieyès, [What is the Third Estate], chapter V, Critical edition with an introduction and notes by Roberto Zapperi, Geneva, Librairie Droz, 1970, pp. 180-181.  Our underlines.

[11.]  Sieyès fait allusion à son livre sur le Tiers Etat.

[11.]  Sieyès is alluding to his book on the Third Estate.

[12.]  Moniteur, réimpression, t. XXV, p.293, cité par Burdeau, Traité…, op. cit., t. IV, p. 176. C’est nous qui soulignons.

[12.]  [Monitor], reprint, vol. XXV, p. 293, cited by Burdeau, [Treaty]…, op. cit., vol. IV, p. 176.  Our underlines.

[13.]  C’est la formulation de Carré de Malberg (Contribution…, op. cit., t.II, p.510). Egalement voir Georges Burdeau, Droit constitutionnel, 21e édition par Francis Hamon et Michel Troper, Paris, L.G.D.J., 1988, p.76-77: «…le pouvoir constituant… dont la tâche est de faire la constitution».  Indiquons tout de suit que cette définition est formulée par opposition à la définition des pouvoirs constitués.  En effet, en employant les verbes «établir» et «modifier» à la place du verbe «faire» dans cette formulation, on peut définir le pouvoir constituant comme le «pouvoir d’établir ou de modifier la constitution» (Georges Vedel, Droit constitutionnel, Paris, Sirey, 1949, (réimpression, 1989), p.114).  Pour les définitions semblables voir:  Edouard Laboulaye, Questions constitutionnelles, Paris, Charpentier et Cie, 2e édition, 1873, p. 372: «le pouvoir de faire ou de reformer une constitution»; Jacques Velu, Droit public, Bruxelles, Bruylant, 1986, t.I, p. 139: «le pouvoir constituant est la fonction dont l’objet est d’établir ou de réviser la Constitution».

[13.]  This is the formulation of Carré de Malberg (Contribution …, op. cit., T. II, p.510).  Also see Georges Burdeau, [Constitutional Law], 21st edition by Francis Hamon and Michel Troper, Paris, L.G.D.J., 1988, p.76-77: “…the constituent power … whose task is to make the constitution”.  Let us immediately point out that this definition is formulated in contrast to the definition of constituted powers.  Indeed, by using the verbs “establish” and “modify” in place of the verb “to make” in this formulation, the constituent power can be defined as the “power to establish or modify the constitution” (Georges Vedel, [Constitutional Law], Paris, Sirey, 1949, (reprint, 1989), p. 114).  For similar definitions, see:  Edouard Laboulaye, [Constitutional Questions], Paris, Charpentier & co., 2nd edition, 1873, p. 372: “The power to make or amend a constitution”; Jacques Velu, Droit public, Bruxelles, Bruylant, 1986, t.I, p. 139: “constituent power is the function whose purpose is to establish or revise the Constitution”.

[14.]  Carré de Malberg, Contribution…, op, cit., t.II, p. 509-510.  Les définitions semblables des pouvoirs constitués se trouvent à peu près chez tous les auteurs.  Voir par exemple: Georges Berlia, «De la compétence des assemblées constituantes», Revue du droit public, 1945, p. 353; Joseph Barthélemy et Paul Duez, Traité de droit constitutionnel, Paris, Dalloz, 1933 (réimpression par Economica, 1985), p. 189 ; Michel Henry Fabre, Principes républicains de droit constitutionnel, 4e édition, Paris, L.G.D.J., 1984, p. 149; Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p. 117-118.

[14.]  Carré de Malberg, Contribution…, op, cit., T.II, p. 509-510.  Similar definitions of constituted powers are found in almost all the authors.  See, for example:  Georges Berlia, “[On the Competence of Constituent Assemblies]”, [Review of Public Law, 1945, p. 353; Joseph Barthélemy and Paul Duez, [Treatise of Constitutional Law], Paris, Dalloz, 1933 (reprint by Economica, 1985), p. 189; Michel Henry Fabre, [Republican Principles of Constitutional Law], 4th edition, Paris, L.G.D.J., 1984, p. 149; Vedel, [Constitutional Law], op. cit., pp. 117-118.

[15.]  Carré de Malberg, Contribution…, op, cit., t.II, p.513; Burdeau, Traité…, op. cit., t. IV, p.172-173 ; Berlia, «De la compétence des assemblées constituantes», op. cit., p. 354, 356.

[15.]  Carré de Malberg, Contribution …, op, cit., T. II, p. 513; Burdeau, Treaty …, op. cit., vol. IV, pp. 172-173; Berlia, “On the competence of constituent assemblies”, op. cit., pp. 354, 356.

[16.]  Berlia, «De la compétence des assemblées constituantes», op. cit., p.356.

[16.]  Berlia, “[On the Competence of Constituent Assemblies]”, op. cit., p. 356.

[17.]  Ibid. p. 355. En ce sens voir aussi: Carré de Malberg, Contribution…, op, cit., t. II, p. 513, 514, 518, 519; Roger Bonnard, «Les actes constitutionnels de 1940», Revue du droit public, 1942, p.49; Paul Bastid, L’idée de constitution, Paris, Economica, 1985, p. 142.

[17.]  Ibid. p. 355.  In this sense, also see:  Carré de Malberg, Contribution…, op, cit., vol. II, pp. 513, 514, 518, 519; Roger Bonnard, “[The Constitutional Acts of 1940]”, [Review of Public Law], 1942, p. 49; Paul Bastid, [The idea of a constitution], Paris, Economica, 1985, p. 142.

[18.]  Cf. Burdeau, Traité…, op. cit., t.IV, p. 25; Dmitri Georges Lavroff, Le droit constitutionnel de la Ve République, Paris, Dalloz, 1995, p.79 ; Pierre Wigny, Cours de droit constitutionnel, Bruxelles, Bruylant, 1973; Paolo Biscaretti Di Ruffia et Stefan Rozmaryn, La constitution comme loi fondamentale dans les Etats de l’Europe occidentale et dans les Etats socialistes, Paris L.G.D.J., Torino, Libreria Scientifica, 1966, p. 4; Michel Troper, «Constitution» in André-Jean Arnaud, Dictionnaire encyclopédique de théorie et de sociologie du droit, Paris, L.G.D.J., 2e édition, 1993, p.103; Jacques Cadart, Institutions politiques et droit constitutionnel, Paris Economica, 3e éd., 1990, t.I, p. 126; Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p.112; Jean Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Montchrestien, 12e édition, 1993, p.169; Fabre, op. cit., p. 150.  Carré de Malberg, Contribution…, op. cit., t.II, p.571; Barthélemy et Duez, op. cit., p.184; Jacques Baguenard, «La constitution», in Jean-Marie Auby (sous la direction de-), Droit public, Paris, Economica, 2e édition, 1989, p. 30; Charles Debbasch, Jean-Marie Pontier, Jacques Bourdon et Jean-Claude Ricci, Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Economica, 3e édition, 1990, p. 73; Dominique Turpin, Droit constitutionnel, Paris, P.U.F., 2e édition, 1994, p.83.

[18.]  See Burdeau, [Treatise…, op. cit.], vol. IV, p. 25; Dmitri Georges Lavroff, [The Constitutional Law of the Vth Republic], Paris, Dalloz, 1995, p. 79; Pierre Wigny, [Constitutional Law Course], Brussels, Bruylant, 1973; Paolo Biscaretti Di Ruffia and Stefan Rozmaryn, [The Constitution as a Basic Law in Western European and Socialist States], Paris L.G.D.J., Torino, Libreria Scientifica, 1966, p. 4; Michel Troper, “Constitution” in André-Jean Arnaud, [Encyclopedic Dictionary of the Theory and Sociology of Law], Paris, L.G.D.J., 2nd edition, 1993, p. 103; Jacques Cadart, [Political Institutions and Constitutional Law], Paris, Economica, 3rd ed., 1990, vol. I, p. 126; Vedel, [Constitutional Law], op. cit., p.112; Jean Gicquel, [Constitutional Law and Political Institutions], Paris, Montchrestien, 12th edition, 1993, p. 169; Fabre, op. cit., p. 150.  Carré de Malberg, Contribution …, op. cit., vol. II, p. 571; Barthélemy and Duez, op. cit., p. 184; Jacques Baguenard, “[The Constitution]”, in Jean-Marie Auby (under the direction of-), [Public Law], Paris, Economica, 2nd edition, 1989, p. 30; Charles Debbasch, Jean-Marie Pontier, Jacques Bourdon and Jean-Claude Ricci, [Constitutional Law and Political Institutions], Paris, Economica, 3rd edition, 1990, p. 73; Dominique Turpin, [Constitutional Law], Paris, P.U.F., 2nd edition, 1994, p. 83.

Hans Kelsen définit la constitution au sens matériel comme «la norme positive ou les normes positives qui règlent la création des normes juridiques générales» (Kelsen, Théorie pure du droit, op. cit., p. 300).  En ce sens voir encore Otto Pfersmann, «La révision constitutionnelle en Autriche et en Allemagne fédérale: théorie, pratique, limites», in La révision de la constitution, (Journées d’études des 20 mars et 16 décembre 1992, Travaux de l’Association française des constitutionnalistes), Paris, Economica, Presses universitaires d’Aix-Marseille, 1993, p.14 : « la constitution au sens matériel du terme, c’est-à-dire l’ensemble de normes qui est structurellement le plus élevé dans la hiérarchie et qui contient les normes de production de normes générales et abstraites ».

Hans Kelsen defines the constitution in the material sense as “the positive norm or the positive norms which regulate the creation of general legal norms” (Kelsen, [Pure Theory of Law], op. cit., p. 300).  In this sense, see again Otto Pfersmann, “[Constitutional Revision in Austria and in Federal Germany: Theory, Practice, Limits]”, in [The Revision of the Constitution], (Study days of March 20 and December 16, 1992, Works of the French Association of Constitutionalists), Paris, Economica, Presses Universitaires d’Aix-Marseille, 1993, p. 14:  “Constitution in the material sense of the term, meaning the set of standards which is structurally the highest in the hierarchy and which contains the norms for producing general and abstract norms.”

[19.]  Cf. Pfersmann, «La révision constitutionnelle…», op. cit., p.13; Kelsen Théorie pure du droit, op. cit., p. 300; Lavroff, Le droit constitutionnel…, op. cit., p. 65-66; Burdeau, Traité…, op. cit., t.IV, p. 25; Troper, «Constitution», op. cit., p. 69; Biscaretti Di Ruffia et Rozmaryn et Rozmaryn, op. cit., p. 4; Barthélemy et Duez, op. cit., p.184; Wigny, op. cit., p. 54; Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p. 112; Cadart, op. cit., t.I, p. 127; Baguenard, op. cit., p. 31; Gicquel, op. cit., p.169; Pierre Pactet, Institutions politiques–Droit constitutionnel, Paris, Masson, 13e édition, 1994, p. 69; Debbasch et alii, op. cit.,p. 77; Turpin, Droit constitutionnel, op. cit., p. 83.

[19.]  See Pfersmann, “[Constitutional Revision …]”, op. cit., p.13; Kelsen [Pure Theory of Law], op. cit., p. 300; Lavroff, [Constitutional Law], op. cit., pp. 65-66; Burdeau, Treatise …, op. cit., vol. IV, p. 25; Troper, “Constitution”, op. cit., p. 69; Biscaretti Di Ruffia and Rozmaryn and Rozmaryn, op. cit., p. 4; Barthélemy and Duez, op. cit., p. 184; Wigny, op. cit., p. 54; Vedel, [Constitutional Law], op. cit., p. 112; Cadart, op. cit., vol. I, p. 127; Baguenard, op. cit., p. 31; Gicquel, op. cit., p. 169; Pierre Pactet, [Political institutions — Constitutional Law], Paris, Masson, 13th edition, 1994, p. 69; Debbasch et al, Lop. cit., p. 77; Turpin, [Constitutional Law], op. cit., p. 83.

[20.]  Carré de Malberg, Contribution…, op. cit., t.II, p.571.

[20.]  Carré de Malberg, Contribution …, op. cit., vol. II, p. 571.

[21.]  Barthélemy et Duez, op. cit., p.184.

[21.]  Barthélemy and Duez, op. cit., p. 184.

[22.]  Debbasch et alii, op. cit., p. 73.

[22.]  Debbasch et al, op. cit., p. 73.

[23.]  Biscaretti Di Ruffia et Rozmaryn, op. cit., p. 4.

[23.] & Nbsp; Biscaretti Di Ruffia and Rozmaryn, op. cit., p. 4.

[24.]  Fabre, op. cit., p.150.

[24.]  Fabre, op. cit., p. 150.

[25.]  Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p.112; Gicquel, op. cit., p. 169.

[25.]  Vedel, [Constitutional Law], op. cit., p. 112; Gicquel, op. cit., p. 169.

[26.]  Pfersmann, «La révision constitutionnelle…», op. cit., p. 15.  Georges Vedel aussi pose la même question: «où commencent et où finissent ces règles les ‘plus importantes’, ‘essentielles’ ?  C’est souvent difficile à dire» (Droit constitutionnel, op. cit., p.112).

[26.]  Pfersmann, “[Constitutional Revision …]”, op. cit., p. 15.  Georges Vedel also poses the same question: “Where do the ‘most important’, ‘essential’ rules begin and end?  It is often difficult to say.” (Constitutional Law, op. cit., p. 112).

[27.]  Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p.112.

[27.]  Vedel, [Constitutional Law], op. cit., p. 112.

[28.]  Gicquel, op. cit., p.169.

[28.]  Gicquel, op. cit., p. 169.

[29.]  Carré de Malberg, Contribution…, op. cit., t. II, p. 572.

[29.]  Carré de Malberg, Contribution …, op. cit., vol. II, p. 572.

[30.]  Vedel, Droit constitutionnel, op. cit., p. 113.  Plus récemment, le doyen Vedel rappelle qu’en droit, «il n’existe pas de définition matérielle de la Constitution.  Est constitutionnelle, quel qu’en soit l’objet, toute disposition émanant du pouvoir constituant» (Georges Vedel, «Schengen et Maastricht:  à propos de la décision n°91-294 DC du Conseil constitutionnel du 25 juillet 1991», Revue française de droit administratif, 1992, p. 178).

[30.]  Vedel, Constitutional Law, op. cit., p. 113.  More recently, Dean Vedel recalled that in law, “[There is no material definition of the constitution.  Whatever its object, any provision emanating from the constituent power is constitutional.]” (Georges Vedel, “Schengen and Maastricht:  on the decision n° 91-294 DC of the Constitutional Council of July 25, 1991”, [Review of French Administrative Law], 1992, p. 178).

[31.]  Lavroff, Le droit constitutionnel…, op. cit., p.79.  Il convient cependant noter qu’il y a des auteurs qui défendent une conception matérielle de la constitution.  Voir par exemple, Olivier Beaud, La puissance de l’Etat, Paris, P.U.F., Coll. «Léviathan», 1994, p. 315-317.

[31.]  Lavroff, [Constitutional Law], op. cit., p. 79.  It should however be noted that there are authors who defend a material conception of the constitution.  See for example, Olivier Beaud, [The Power of the State], Paris, P.U.F., “Leviathan” collection, 1994, pp. 315-317.


— End of Draft-Chapter One —